Marie-Nathalie Jauffret lors d'une émission sur TV Monaco, © photo : TV Monaco

Regards
Les glaciers ont des reflets bleus au contact de la lumière. Seules les longueurs d’ondes courtes aux couleurs bleutées traversent la glace, avant d’être captées par nos yeux. Marie-Nathalie a un regard bleu lumineux, doux et pénétrant. Impossible de ne pas en tirer une métaphore tant son regard d’enfant a forgé sa vision du monde. Avec élégance elle en dira peu. Il fallait que j’apprenne à lire ce que le monde adulte ne disait pas. En lisant ces signes invisibles, j’ai développé un sens aigu de la communication non verbale. Elle déploie une capacité à voir la vie sous tous les angles : j’ai la chance d’être née avec ce trait caractéristique de la positivité. Je suis curieuse de tout, surtout curieuse de l’être humain. Marie-Nathalie ne cessera d’étudier, de se former, de chercher et de transmettre à son tour. Elle se spécialise en sémiologie, notamment, en suivant un master en sciences de l’information et communication : j’ai compris que ce que je percevais sans lui donner de nom avait un raisonnement scientifique.

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Perceptions

L’ouverture de son agence de communication préfigure les nombreuses expériences pluridisciplinaires à venir. Écouter est une de ses grandes qualités. J’ai toujours écouté mes interlocuteurs multiples, le berger, la ministre, les randonneurs… toutes celles et ceux qui ont à s’exprimer ; sans juger, je pense que parfois la société juge trop, sans prendre soin du contexte. La sémiotique donne souvent le cadre, les éléments pour analyser les signes et symboles que l’on perçoit de manière intuitive et ces codes invisibles, qui sont propres à chaque territoire, permettent de comprendre des situations. Les saisir et les formuler contribue à unir des cultures et à mener des actions de communication inno-vantes. En exemple : la rédaction de la charte de jumelage, signée par les ministres français et italiens, pour la protection conjointe du Parc national du Mercantour et du Parco naturale Alpi Marittime. Bientôt des entreprises la sollicite pour former les cadres, dont des chargés de communication, pour mettre en valeur leurs messages et créer des actions de communication originales. Puis des personnalités, soucieuses d’améliorer leur commu-nication interpersonnelle et non verbale. Elle découvre le plaisir de coacher, de donner des conférences. Toujours à l’écoute des frémissements de notre société, elle accueille l’arrivée du digital en innovant, conçoit et édite un des premiers jeux en CD Rom pour le ministère de l’Environnement. Communication, formation, innovation, avant-gardisme, Marie-Nathalie n’a jamais eu de plan de carrière. Elle se laisse guider au gré de ses découvertes et de ses envies : la vie est une suite d’expériences qui doivent être considérées comme un jeu. L’éducation offre la possibilité d’acquérir de nouvelles connaissances, de gagner des points ; les expériences d’en gagner d’autres ou d’en perdre. La vie engage à cela, à avancer.

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Recherche

Le goût des langues, la lecture de textes scientifiques, l’appétence pour les sciences humaines, dont la psychologie et la psychogénéalogie, l’entraînent vers la recherche. Un second master en français et langues étrangères, élargit son champ de réflexion. Il m’a permis de me questionner, à travers l’outil de la langue, sur notre rapport à d’autres cul-tures, à ce qu’on met en miroir de nos sociétés. Cette réflexion l’habite lorsqu’elle décide de passer un doctorat en communication sur la thématique de la synesthésie – la capacité de certains êtres humains à lier plusieurs perceptions. Elle choisit un sujet lumineux : la couleur du sourire. Trois années de recherche intense auprès de plus de 500 personnes dans le monde révèle que la couleur principale du sourire est le jaune. Utile pour com-prendre l’impact psychologique et sémiotique d’une couleur. La passion de la recherche ne la quitte plus. La recherche est un voyage. On doit s’oublier, écouter l’autre, sortir des normes. Quand on aime l’être humain, on va s’intéresser à tous ses aspects, que ce soit physique, intellectuel, psychologique, personnel, culturel. Je ne comprends pas la domination d’une culture sur une autre. La liste de ses publications scientifiques, comme ses actions de valorisation de la recherche, est un hommage à la diversité.

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Partage

Lorsque l’International University of Monaco la sollicite pour enseigner en anglais la communication, l’événementiel, la publicité, le marketing elle plonge dans un univers international : plus de 70 nationalités y sont représentées. Pour cette passionnée de psy-chologie, cet environnement multiculturel est une opportunité fantastique de partage. Enseigner c’est se dédier aux autres. Je me considère comme une tutrice, mes étudiants se sentent en confiance. Je participe à les amener là où ils veulent aller, leur montrer qu’on peut accepter la culture de l’autre sans modifier la sienne et surtout que leurs rêves peuvent devenir réalité. Les étudiants aujourd’hui sont face à deux mondes, la réalité et le digital. Dans une société qui peut tendre vers une réalité faussée comme les fake news ou le greenwashing, Marie-Nathalie interroge sur l’honnêteté et la responsabilité sociale des individus et des entreprises. Confiante en cette génération qui s’autoproclame égocentrée, comme un instinct de survie, elle perçoit chez eux la recherche d’un nouveau modèle de société. Les générations se succèdent et ont toujours quelque chose de nouveau à présenter. Idem pour la recherche qu’elle pratique avec des collègues exigeants : travailler avec des spécialistes internationaux permet de prendre du recul, de partager d’autres points de vue et de bons moments de vivre ensemble. Attentive au bien-être et à la psychologie du travail, elle représente aussi ses collègues lors de ses missions de déléguée du personnel dans le respect des règles édictées en Principauté.

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Inconnu

En 2016, Marie-Nathalie a été la première à étudier les biodigitaux, ces personnages qu’on croit humains mais qui ne le sont pas. Là, il y a la main invisible d’équipes spécialisées dans l’intelligence artificielle qui présentent sur les écrans une ou des personnes d’influ-ence. Son travail de recherche permet de questionner les avancées digitales des gouver-nements et des entreprises. Par exemple, dans le cas des biodigitaux, il y a une probléma-tique éthique que je me pose en tant qu’intellectuelle, je pense qu’il faudrait imposer un signe qui représente la biodigitalisation pour éviter la manipulation des publics. Récom-pensée par deux trophées pour sa contribution à la recherche sur le biodigital, remis par le groupe Omnes Éducation, elle refuse les discours alarmistes : j’ai compris très jeune que la peur ne devait pas guider la vie, la peur immobilise et bloque toute pensée. Il faut être à l’écoute de ce qui se présente, l’inconnu peut aussi se préparer. Pour elle, qui s’est rarement trompée sur l’innovation et ses impacts, les biodigitaux vont envahir tous les secteurs, dont ceux de la publicité, de la communication et de la politique. Elle anticipe que les personnalités et même les chefs d’État auront chacun leur doublure numérique. Pour autant elle ne croit pas à la disparition de la culture : parfois l’être humain craint la différence, a besoin de frontières pour se définir, donc de culture. Attention en revanche à ne pas perdre nos qualités de perception et de sensorialité pour ne pas devenir de simples exécutants et se robotiser.

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Hypnothérapie

Dans un contexte international souvent perçu comme anxiogène, Marie-Nathalie ressent le besoin d’élargir son champ d’accompagnement. Je me suis toujours intéressée à l’hypnose comme à la psychogénéalogie car on touche aux influences invisibles. L’hypnose permet de dénouer les noeuds qui se sont formés avec le temps, de manière cachée et dissimulée et que l’on met en vision. Je me suis formée aux techniques d’hypnothérapie et j’ai passé deux diplômes qui me permettent aujourd’hui d’exercer dans ce domaine. Comme une évidence. Installée au coeur de Nice, dans un nouveau cabinet qu’elle partage avec un ostéopathe et deux psychologues, elle propose des séances de 45 minutes. À travers des techniques de relaxation, des suggestions verbales, je peux aider mes patients à affronter des phobies, diminuer des troubles anxieux, réduire ou annuler certaines dépendances, retrouver de l’énergie, relever des défis... Les domaines d’intervention sont infinis. L’hypnose permet d’améliorer le bien-être, de manière non intrusive, respectueuse de la personne, sans toucher, sans manipulation. Un outil thérapeutique qui convient à Marie-Nathalie dont elle évalue déjà les résultats auprès de patients aux demandes toutes singulières. J’ai des retours positifs, l’hypnothérapie permet un accompagnement individuel sur mesure et efficace, aussi bien des adultes, des adolescents que des enfants.

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Liberté

Éprise de voyages et de liberté, Marie-Nathalie a toujours ressenti un attrait particulier pour l’Afrique. Hors des sentiers battus, que ce soit au Sénégal, en Gambie, au Mali, ou à São Tomé-et-Príncipe, elle a cette sensation de poser le pied sur une terre sacrée. Elle explique ce sentiment par la psychogénéalogie. Elle s’y est intéressée grâce à la rencontre avec sa mentor Anne Ancelin Schützenberger et à ses enseignements, bien avant de découvrir qu’elle était descendante d’une femme esclave africaine. Une recherche généalogique menée par un membre de sa famille a permis de retrouver de vieux écrits, de remonter les générations principalement en Martinique et de retrouver les traces des ancêtres, nés de la relation d’un maître blanc et d’une esclave noire. Un test ADN permet de confirmer ces origines. Je pense que mon patrimoine génétique héréditaire m’a peut-être insufflé un sens de la liberté absolue. L’ADN comme un fil invisible qui influe sur nos vies sans qu’on le sache… Marie-Nathalie dont le mari est italien, nous raconte avec humour qu’une autre branche de sa famille aurait des origines… italiennes et espagnoles ; une partie de sa famille vit au Brésil et une autre aux États-Unis !

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Non-violence

Parmi les nombreuses causes qui lui tiennent à coeur, Marie-Nathalie cite la non-violence en particulier envers les enfants et les femmes. On lui a souvent proposé de rejoindre des associations mais en fouillant un peu, peu étaient exemplaires. La rencontre avec le club Zonta International la séduit car il défend le droit des femmes, l’égalité, l’accès à l’édu-cation, la fin des mariages des enfants et de la violence. Fondé aux États-Unis en 1919, il est aujourd’hui présent dans 63 pays dont Monaco. Marie-Nathalie apprécie la transparence et la sororité du club : les fonds sont donnés directement aux filles et aux femmes, sans aucun intermédiaire, pour leur porter assistance. Le fonctionnement me correspond car il s’agit d’accompagner avec honnêteté et d’éduquer. Qui sait qu’il y a aujourd’hui cinq États aux États-Unis où on peut se marier légalement avec un ou une enfant et la transformer en esclave sexuelle ? Zonta lui permet d’aider et d’éduquer pour un monde meilleur.

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Éclectisme

Marie-Nathalie partage avec son mari et ses proches une curiosité sans limite et le refus d’une vie toute tracée. Comme dans leur relation aux autres, entourés d’amis de toutes origines et de toutes strates sociales. Je m’adapte au contexte dans lequel je vis, on va où le vent nous porte. Ainsi que par leurs passions multiples, la musique que son mari pratique – le blues et le rock –, l’art contemporain qu’ils collectionnent, les voyages à la recherche de mondes et de sagesses différentes. Si elle ne se considère pas comme une artiste, Marie-Nathalie a besoin de créer. Je laisse à chacun sa valeur. Je suis capable de passer des heures avec un maçon qui va me donner sa vision des murs, du plâtre. Pourtant lorsque le MAMAC, musée d’Art moderne et d’Art contemporain de Nice l’invite avec quelques citoyens de la ville à créer et définir un nuage, elle n’hésite pas à se prêter au jeu et propose son nuage de flotteurs rouges en hommage aux filets des pêcheurs qui sera exposé. En osmose avec une plasticienne, elle traduit ses recherches en créations exposées en galeries d’art. Marie-Nathalie s’intéresse à la vie des autres, veille sur ses proches. Quant à sa fille : je la laisse vivre sa vie, ses aventures et j’essaie d’avoir le moins d’impact possible sur ses choix de vie. Ce n’est peut-être pas le plus facile qu’on puisse donner à son enfant mais je pense que c’est un des plus riches et des plus généreux cadeaux.

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1 001 vies

Marie-Nathalie aime les mystères, rêverait d’avoir encore 1 001 vies pour tout découvrir de l’être humain. L’esprit sans cesse en éveil, on se demande quel est le secret d’une telle énergie. J’ai la chance d’avoir beaucoup d’énergie mais cette énergie s’autoentretient, on appelle cela l’énergie cinétique. La recherche peut être chronophage. Alors, Marie-Nathalie trouve dans la nature l’autre source d’énergie indispensable à son équilibre. La mer est mon environnement, j’ai besoin de nager, de marcher pieds nus. J’aime la musique du vent dans les arbres, celle du vent dans les voiles d’un bateau quand on est en mer… Et j’aime la Terre, marcher et sentir le romarin, les figuiers et les oliviers. Pour moi, cet équilibre dans la simplicité est magique. Marie-Nathalie impressionne par ses question-nements sans cesse renouvelés, sa capacité à chercher des réponses encore et toujours. Rares sont les personnalités comme la sienne, avec cette forme de poésie à sonder l’âme humaine sans jamais se départir d’une capacité d’émerveillement et de tolérance. Dans son regard lucide sur un monde souvent sombre, se reflète la lumière profondément hu-maine de ses ondes positives. Qui nous renvoient, tels d’invisibles stimuli, à chercher en nous-même, à notre tour, ce qu’il y a de meilleur…

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Pour en savoir plus et contacter Marie-Nathalie Jauffret :
https://www.linkedin.com/in/marinajauffretcervetti/

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