NICOLLE MARTIN
SKÅL INTERNATIONAL CÔTE D’AZUR
Le Skål International Côte d’Azur a célébré le 91e anniversaire de sa création à Nice. Nicolle Martin évoque ces dernières années consacrées au développement du club de la Riviera, indissociables d’un parcours professionnel dédié au tourisme et au rayonnement de la ville de Nice. Rencontre avec une femme élégante, sans fard, passionnée, déterminée, dont l’histoire fourmille d’anecdotes insolites.


Septembre 2018 : l'intronisation de Nicolle élue 40e présidente du Skål International Côte d’Azur
Skål International – Skål International Côte d’Azur
Skål ? Quésaco ? Tchin-Tchin chez les Vikings ? Tout commence en 1932. Copenhague. Inauguration du vol Amsterdam-Copenhague-Malmö en Fokker F.VII Trimotor. Un groupe d’agents de voyages parisiens présents en Suède, à l’invitation de plusieurs compagnies de transports, décident, à leur retour, de célébrer l’amitié entre les professionnels du tourisme en créant un club international. Le premier Skål Club voit le jour en 1932 à Paris autour d’une maxime : faire des affaires entre amis dans la bienveillance. C’est aujourd’hui le seul réseau réunissant les professionnels du tourisme du monde entier présent sur tous les continents. Lorsqu’en 2018, Nicolle Martin est sollicitée pour reprendre la présidence du club de la Côte d’Azur, il ne compte plus que neuf adhérents. Alors à la retraite, elle aurait pu passer son chemin, ce serait mal la connaître. Elle s’implique corps et âme avec brio. Skål Côte d’Azur devient en 2024 le club mondial à la plus forte progression d’adhérents, réunissant 223 membres professionnels actifs des secteurs du voyage et du tourisme de la Côte d’Azur. Entourée d’un bureau de bénévoles – Michel Bouthiba, vice-président ; Nathalie Zafra, secrétaire générale ; Christine Hoareau, trésorière –, tous extraordinaires, elle a su imprimer sa marque et créer une dynamique sans pareil. Une connaissance aiguë de ce secteur d’activité, un réseau cultivé depuis des années ainsi qu’une attention particulière pour chacun de ses membres ont contribué à ce succès : je m’assure que chaque membre du réseau puisse développer ses activités au sein du club, je n’oublie aucun anniversaire, je crée un lien personnel avec tous. Sans oublier une présence accrue sur les réseaux sociaux : j’ai dû tout apprendre, je n’y connaissais rien il y a six ans ! Mais comment en est-elle arrivée là ?

1980 : fière de promouvoir Nice au sein de l'office du tourisme auprès des professionnels nationaux et internationaux
Les hasards de la vie
Rien ne prédestinait Nicolle Martin à ce parcours singulier. Passionnée de littérature, elle entame des études de linguistique, rêve d’ailleurs, s’imagine hôtesse de l’air, réussit le concours d’Air France au grand dam de son père qui oppose une fin de non-recevoir à cette vocation. Et, par relations interposées, lui trouve un boulot d’étudiante au syndicat d’initiative de Nice. Une déception pour Nicolle qui maintenant le remercie : hôtesse de l’air, je n’aurais pas eu la même carrière. Installée dans des locaux peu reluisants près de la gare, Nicolle se languit en attendant les voyageurs du train de nuit. Avec ses collègues, toutes étudiantes, elles décident un jour de se mettre en grève pour réclamer une augmentation de salaire. On va voir Françoise Giroud alors en vacances à Saint-Jean-Cap-Ferrat, qui nous reçoit et nous soutient. On a gagné notre combat, tous les salariés des bureaux d’accueil des offices de tourisme de France ont eu une augmentation de salaire, c’est un souvenir extraordinaire. Et premier fait d’armes pour Nicolle. Elle se marie et devient salariée du syndicat d’initiative sans enthousiasme particulier. Jusqu’à ce jour de 1975 où elle voit débarquer un homme qui se présente comme son nouveau directeur et qui s’adresse à elle en ces termes : j’entends parler de vous soit en mal, soit en bien, vous ne laissez personne indifférent donc vous m’intéressez. Je suis sûr que vous allez faire des étincelles, on va faire équipe et créer Nice Promotion. L’homme, visionnaire et charis-matique, va chambouler son existence, révéler cette grande timide à elle-même et donner l’impulsion au rayonnement de Nice dans le monde. Gaston Franco, alors directeur de cabinet de Francis Palmero vient d’accepter cette mission d’envergure, nommé par le maire de Nice de l’époque, Jacques Médecin.
Miss Carnaval
Débute alors une incroyable aventure pour la petite équipe de douze personnes. Nice Promotion deviendra au fil du temps l’actuel office de tourisme métropolitain Nice Côte d’Azur. Nous avons tout appris, nous nous sommes donnés les moyens sans financement, nous avons été précurseurs dans de nombreux domaines, comme la promotion, la vente de packages incluant transport, restaurant et hôtel… idée reprise ensuite par de nombreux offices de tourisme dans le monde. D’abord responsable du marché France, interface entre les professionnels de la ville de Nice et les tours opérateurs, les agents de voyage et les autocaristes, Nicolle sillonne le territoire et fait preuve d’une ténacité sans faille. Avec beaucoup d’humour elle évoque son premier démarchage, carte routière en main, sans portable, sans GPS, à la recherche des autocaristes du Nord-Pas-de-Calais – une autre époque ! Après avoir atterri dans une ferme réunissant toutes les générations d’une même famille, au milieu des autocars et des poules, elle finit par convaincre l’autocariste d’organiser des voyages pour le carnaval de Nice. Idem pour le responsable de l’agence Air Inter locale, peu enclin à réserver des sièges pour des groupes à cette occasion. Je ne laissais jamais tomber, au bout de trois années, l’essai s’est transformé en rendez-vous annuel, la quatrième année l’avion pour le carnaval était complet. Au fil des ans, celle qu’on surnomme miss Carnaval étend son champ d’action, devient responsable de la Suisse, puis de la Belgique, de l’Angleterre, du Canada, du Proche-Orient, de la Grèce, de la Turquie, du Maghreb… Investie, Nicolle travaille énormément : quel bonheur de vivre de ma passion du tourisme, à l’époque je faisais deux à trois voyages par mois, il me reste des amis dans le monde entier que je retrouve à travers le Skål. Tellement investie qu’elle ne sent pas l’orage qui s’annonce…
Ombre et lumière
Lorsque son mari lui demande de choisir entre sa carrière et son couple, Nicolle est sous le choc. On s’adorait. J’ai toujours eu une forme d’inconscience, je fonce, je ne vois pas le danger, comme lorsqu’au Tchad, alors qu’un troupeau d’éléphants allait attaquer notre groupe, je continuais à vouloir sauver nos gourdes pour m’assurer que chacun ait de l’eau… Le coup de feu d’un des participants nous a sauvés. Le divorce est douloureux, déstabilisant pour Nicolle et pour son fils alors âgé de onze ans. La rupture a un air de répétition. Nicolle, fille unique de parents eux-mêmes enfants uniques, a grandi sous leurs regards bienveillants : je n’ai manqué de rien, gâtée comme une princesse, adulée jusqu’à mes douze ans. Le refus de mon père de me voir grandir a provoqué chez lui un changement d’attitude dévastateur. La vie de Nicolle oscille entre histoires d’adoration et d’abandon, pas toujours facile à vivre pour cette grande sensible. Dès l’enfance elle perçoit un décalage entre sa vie familiale et le monde extérieur : mise sur un piédestal à la maison, elle est victime de harcèlement à l’école : on m’appelait poil de carottes. Nicolle a hérité de son grand-père maternel (arménien) d’une chevelure blond vénitien et frisée, alors stigmatisée. J’ai ancré en moi cette sensation que la société ne m’aimait pas et toujours recherché une forme de reconnaissance. Qui la poussera, sans cesse, à mettre la barre plus haut…

1972 : Nicolle commence sa carrière
à l'office du tourisme de Nice

2023 : congrès du Skål International à Malaga,
Nicolle ambassadrice Côte d'Azur avec
la présidente mondiale Annette Cardenas
La vie avec élégance
Face à l’adversité et à l’insécurité Nicolle garde toujours la conviction que tout va s’ar-ranger. Depuis sa naissance, sa mère lui répète qu’elle est née avec la crépine – venue au monde entourée de la poche de liquide amniotique, ce qui, dans la croyance populaire, est signe de bonheur, de chance et d’abondance. De cette croyance elle a puisé sa force intérieure, a avancé et rebondi. J’adore prendre des risques, je joue à la bourse. J’aurais aimé investir, faire du business mais je n’ai pas trouvé de partenaires. Dans le même esprit elle pratique avec passion l’art de chiner et n’a pas son pareil pour dénicher les pièces de créateurs. Toujours tirée à quatre épingles, elle sait s’amuser avec la mode et a développé son propre style, mélange de pièces classiques et d’une touche de fantaisie. Ne vous fiez pas aux apparences, elle ne dépense pas une fortune pour s’habiller. Je conserve tout, j’économise, je n’achète que lorsque je fais une affaire. Question d’éducation et de transmission. Ma mère, couturière hors pair m’a habillée jusqu’à son départ il y a 14 ans. Elle me faisait des vêtements fabuleux. Mère et fille entretenaient une relation fusionnelle. Aujourd’hui qu’elle n’est plus là, Nicolle lui rend hommage à sa manière en profitant de chaque instant, en s’émerveillant encore et toujours : j’ai la notion du temps qui reste, j’adore voir le ciel bleu, les arbres au printemps, profiter de l’instant présent. Lorsqu’elle regarde en arrière, Nicolle a bien conscience du chemin parcouru et de la chance d’avoir exercé un métier de passion…
Skål jeune
La passion est sans nul doute le moteur de sa réussite. Passion communicative qu’elle a infusée au sein du Skål Côte d’Azur et qu’elle cherche aujourd’hui à transmettre à la jeune génération. Skål jeune est une catégorie de Skål International à destination des jeunes professionnels de l’industrie du tourisme. À Nice, Skål jeune, en relation avec les écoles de tourisme locales, favorise les rencontres et les interactions. Pour moi cette transmission est fondamentale, nous exerçons des métiers difficiles mais de passion. Nous leur proposons des journées d’immersion chez nos skållègues dans le tourisme, nous facilitons leurs recherches de stages en alternances. Et d’évoquer avec enthousiasme ces jeunes aujourd’hui en place à l’hôtel Carlton, à l’hôtel Martinez, dans un palace de Courchevel… Un travail main dans la main avec Bertrand Petyt, membre du Club Côte d’Azur, devenu directeur international du Skål. Et puis il y a, ancrée en elle, la conviction d’habiter la plus belle région du monde. Presque toute ma famille est originaire de Nice, de la vallée du Paillon, de la pointe de l’Escarène. J’ai eu la chance de parcourir le monde mais je n’ai jamais souhaité habiter ailleurs qu’ici.
La vie à deux
Depuis trente-quatre ans, Nicolle file le parfait amour avec Jean-Louis. Ingénieur globe-trotter pour un grand groupe spécialisé dans la cryogénie, lassé des voyages, il avait décidé de reprendre l’activité touristique familiale dans l’hôtellerie à Nice. Ils se croisent alors lors d’un salon du tourisme au Canada… Présent à ses côtés à chaque réunion du Skål Côte d’Azur, il apporte sa bienveillance et contribue à ce sentiment de se sentir en famille qu’a su créer Nicolle au sein de l’association. Si la vie ne les a pas épargnés, ils avancent ensemble main dans la main avec une énergie qui impressionne. Nicolle est l’heureuse grand-mère de deux adorables petits-enfants qui habitent avec leurs parents en Suisse. Pour bien vieillir il faut être en mouvement s’amuse-t-elle. Présidente du Skål, nommée ambassadrice de la Côte d’Azur par l’association Côte d’Azur France tourisme, Nicolle accepte toutes les invitations de représentation du club, répond toujours présente aux sollicitations de ses amis et soutient les autres réseaux niçois. Le secret d’une telle énergie ? Une hygiène de vie rigoureuse et la consommation quotidienne des légumes de mon potager, en particulier les fleurs de courgettes de Nice, cela va sans dire !

Skål-Skål !
À la fin de ses mandats, Nicolle continuera à œuvrer pour cette association dans laquelle elle s’est tant investie, à créer des ponts avec d’autres acteurs du tourisme local. En octobre aura lieu, à Izmir, le congrès annuel du Skål International. Le Skål International Côte d’Azur y présentera son film sur la destination pour concourir au prix du meilleur club du monde. Une belle mise en lumière pour Nicolle, une reconnaissance pour cette étonnante perfectionniste qui peine à apprivoiser le succès. Le succès, l’a pourtant bel et bien apprivoisée. Tour à tour fragile et déterminée, Nicolle qui rêvait d’entreprendre, a réussi à fédérer autour de son club une communauté qui ne cesse de s’agrandir. Devenue à son insu une figure du tourisme de la Riviera, la jeune femme aux étincelles a su donner un sens à sa drôle de destinée. Quelque chose me dit que nous n’avons pas fini de lui porter un toast. Skål ! c’est bien de cela qu’il s’agit. Skål acronyme suédois de Sundheit, Karlek, Alder, Lyka, signifie littéralement santé, amitié, longue vie et bonheur. Skål Nicolle Martin !
2024 : heureuse avec Jean-Louis Martin sur la plage à Nice


1980...
2024 : 44 ans après et toujours passionnée par le tourisme
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