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ISABELLE LOVISI-BRUERE

MAISON GERMAINE

 

Il n’est jamais trop tard pour se réinventer, bifurquer, explorer de nouveaux domaines d’activité. Et en faire son métier. Il aura fallu de l’audace à Isabelle Lovisi-Bruere pour quitter une situation professionnelle confortable dans une agence de communication internationale à Shanghai et développer sa marque de maroquinerie. De nombreuses Shanghaïennes raffolent déjà de ses sacs, pochettes et bijoux qui habillent une tenue en un rien de temps. Aujourd’hui Maison Germaine débarque en France et met à l’honneur le savoir-faire de l’artisanat chinois. Rencontre avec une créatrice pour qui la création n’est pas accessoire, aventurière passionnée-passionnante.


Ailleurs
Isabelle grandit à Menton. Entre Monaco et l’Italie. La famille italienne de son père est venue s’y installer à l’adolescence de celui-ci. Je suis une enfant issue de deux cultures, ça forge un état d’esprit. Menton est une ville à l’histoire intimement liée à celle de l’Italie. Du côté maternel, Germaine, sa grand-mère adorée, chez qui elle passe beaucoup de temps, partage avec elle le goût des voyages, de l’évasion et de la lecture. Isabelle passe une enfance sereine au bord de la mer tout en lorgnant des horizons lointains. S’ensuivent les années collège sur le Rocher de Monaco, pensionnaire de l’institution Saint-Maure où les élèves viennent du monde entier. Elle y côtoie un univers international, les familles de ses amies parcourent le monde. J’ai une âme de voyageuse depuis toujours, j’ai toujours aimé et été attirée par l’ailleurs, principalement par des endroits exotiques. Il est peut-être là le fil conducteur de sa future orientation. Assorti d’un tempérament déterminé. Aînée d’une fratrie de quatre enfants, elle est la seule fille. J’ai évolué dans un monde de garçons, je ne suis pas en sucre, je n’ai pas peur. Et très vite elle décide que son moteur sera l’indépendance.

isabelle lovisi-bruere

Un métier pour voyager
Bac en poche, Isabelle part à Nice faire des études en finance. Ce choix par défaut n’est pas une vocation mais se révélera pourtant très utile pour voyager. Premier poste, premier grand voyage. Isabelle rejoint le cabinet d’audit financier Ernst & Young au Gabon. Coup de foudre culturel. Dès que j’ai mis un pied au Gabon, je me suis sentie chez moi. Cette rencontre avec l’Afrique la marque à tout jamais, comme une évidence, et inspirera ses créations futures. Je garde, profondément ancré en moi, le goût du métissage, j’aime côtoyer des personnes éclectiques, d’univers et de cultures variés. Pour l’heure, elle découvre une vie facile de jeune salariée, expatriée, dans un pays qui ne cesse de l’étonner. Mais déjà ne se repose pas sur ses lauriers. Quand sa route croise celle d’une famille qui dirige un groupe de jeux de hasards, elle accepte sans hésiter de rejoindre l’aventure en tant que directrice administrative et financière et partage son quotidien entre le Gabon et le Cameroun. Elle restera cinq années en Afrique avant de revenir à Paris. Le retour n’est pas sans désillusion. Si trouver un emploi n’est pas un problème, l’ambiance n’est plus la même. Elle a découvert le plaisir de travailler avec des personnes charis-matiques et atypiques. Dans le cabinet d’audit qu’elle rejoint en arrivant, puis dans un groupe de publicité et de communication, elle ne retrouve plus l’étincelle de départ. Il n’y avait aucune personnalité captivante. Elle ne rêve que d’une chose, repartir ailleurs. Alors, en 2011, lorsque son mari lui annonce qu’on lui propose un poste à Shanghai, elle est la première à s’enthousiasmer.


Shanghai
Isabelle a tout de suite été éprise de Shanghai. Déjà maman d’une petite fille de 2 ans, elle accouche en Chine de sa seconde fille et ressent très vite le besoin d’apprendre le Chinois de manière intensive pour comprendre mon environnement, pouvoir dialoguer avec les habitants. Il y a un côté euphorisant à apprendre, c’est passionnant, l’écriture révèle beau-coup de choses de la culture chinoise. En quelques mois elle devient autonome, peut lire les caractères chinois et se faire comprendre. Il est temps de retrouver une activité. La vie d’Isabelle est jalonnée de rencontres décisives. Ce sera Fred Raillard, cofondateur de l’agence Fred & Farid, groupe de communication indépendant, fraîchement débarqué à Shanghai pour se développer sur le marché chinois. Coup de foudre professionnel. La ren-contre a provoqué l’embauche. Séduite par le charisme, l’ouverture d’esprit et l’énergie bouillonnante de Fred, elle se laisse embarquer dans l’aventure. L’équipe est réduite, tout est à créer. Directrice financière, elle s’occupe également de structurer l’agence, des relations humaines, du juridique, du recrutement de l’équipe... On était en mode start-up, je me suis éclatée. L’agence se développe rapidement. En 2017 Fred Raillard part à Los Angeles ouvrir une nouvelle agence, ça m’a fait quelque chose car j’aimais travailler avec lui…

Passion textile

Depuis quelques temps déjà, Isabelle a commencé une nouvelle activité pour le plaisir. À la faveur d’une rencontre. Celle avec Muriel, créatrice de linge de maison à Shanghai. Lorsque cette dernière quitte la Chine et lui propose de reprendre son activité et son atelier de couture, elle accepte. Elle s’associe avec quatre amies pour reprendre l’affaire, en plus de leurs activités respectives. Petit à petit, Isabelle se prend de passion pour les tissus. Je vais dans les marchés et c’est là où tout a commencé ; la profusion des soies, des cuirs, des matières, j’imagine des associations. N’oublions pas que la Chine est le berceau de la soie, Shanghai a longtemps été un des principaux centres de la production textile mon-diale. Le marché des tissus, immense, s’étend sur trois étages. J’adore passer des heures dans ce marché, j’aime y aller seule, je m’y sens bien, c’est un moment de plénitude. J’ai un rapport fusionnel avec la matière, j’ai besoin de toucher, de parler aux vendeurs. Coup de foudre créatif. Elle imagine des pochettes, des sacs, qui ont aussitôt du succès. Petit à petit le loisir se fait chronophage. Les associées sont parties. Isabelle accumule les tissus et les idées dans une pièce dédiée de son logement personnel. Une belle relation de confiance se développe avec Quifeng Shuai, le couturier de l’atelier. Elle a conscience de son talent, l’entraîne dans son sillage. Il accepte d’être bousculé hors de son champ de vêtements et linge de maison pour confectionner les accessoires qu’elle dessine. Tous deux se complètent, créent de nouvelles pièces, se comprennent même à distance. Bientôt il travaille exclusivement pour elle. Nos histoires sont désormais liées, il est temps d’entreprendre…

L’aventure commence

Lâcher son poste pour se consacrer à sa passion n’est pas chose aisée pour une farouche indépendante. Mais il faut bien l’admettre, maintenant que tout est bien huilé dans l’agence Fred & Farid, c’est moins passionnant. Ce qui me plaît, c’est de participer à une aventure, de construire, comme en Afrique. Elle prend le temps de la réflexion, son mari la soutient. Elle prend sa décision. Trouve un local en une journée, le rénove. En septembre 2019 Maison Mumu ouvre ses portes. Le succès est au rendez-vous. Je produis énormément, j’ai toujours au showroom autour de 30 modèles produits chacun en 10-20 exemplaires. Tout se fait naturellement. Mon couturier évolue avec moi, je découvre d’autres ateliers. Je commence à créer des bijoux, des joncs en cuir avec un sellier dont j’ai découvert les miniatures en cuir par hasard dans la vitrine d’un autre marché.

sac isabelle lovisi-bruere
bracelets isabelle lovisi-bruere

Un style signature

Difficile d’enfermer le style d’Isabelle dans une seule case, c’est là son secret. Elle ne consulte jamais les carnets de tendances, ne regarde pas les modèles de sacs dans les magazines et produit uniquement ce qui lui plaît. J’ai besoin de cette liberté, de la ren-contre avec un tissu, du mood du moment, de l’inspiration d’une promenade, d’une cou-leur. Elle a l’art de mélanger les matières et les couleurs, d’inventer toujours de nouvelles formes, de proposer de nouvelles associations, un petit je-ne-sais-quoi qui n’appartient qu’à elle. Comme un hommage à ses nombreux voyages, on retrouve souvent dans ses créations, les imprimés ethniques qui l’inspirent encore et toujours ; le métissage opère. Ses pièces ont une fantaisie chic que chacune peut s’approprier, quelque soit son style. J’ai des goûts éclectiques, une palette assez large qui séduit des personnes très diffé-rentes, je crois que le lien qui relie mes clientes est que ce sont des femmes qui s’as-sument, qui aiment amener une touche d’originalité à leur tenue et sortir du total look. Elle a choisi de proposer des produits de qualité, en série limitée ; c’est cela qui fait la différence. La qualité est irréprochable, j’ai trouvé des artisans qui ont un vrai savoir-faire, le souci du détail, du beau. Tout est fait à la main, ce n’est pas une production à la chaîne.

Au-delà des frontières

Le développement de la marque prend une autre dimension avec l’arrivée d’Aude Beckers qui devient partenaire de Maison Mumu. Elle apporte son expérience en business, stratégie commerciale et digitale. Après une carrière dans la haute joaillerie, Aude, qui a grandi en Asie, connaît parfaitement le monde du retail. Grâce à elle, Maison Mumu développe des partenariats avec des boutiques multimarques de la mégalopole, des plateformes chinoises qui cherchent des designers étrangers et des influenceuses partout en Chine. L’équipe s’étoffe d’une personne à plein temps dans le showroom et recherche de nouveaux ateliers. Isabelle ressent l’envie de s’ouvrir au monde extérieur et de se rapprocher de la France. Le lancement du site internet permet de proposer à des clientes du monde entier, aux anciennes clientes fidèles qui ont quitté Shanghai, de commander de nouvelles créations. Bientôt nous pourrons trouver la marque à Paris, dans des pop-up ponctuels ou via des partenariats avec des boutiques de la capitale. Avant un dévelop-pement dans d’autres villes européennes et internationales comme Zurich, New York…

sac isabelle lovisi-bruere
isabelle lovisi-bruere

Maison Germaine

Ce moment stratégique est aussi l’occasion pour Isabelle de repenser le nom de sa marque et de rendre hommage à sa grand-mère Germaine. Personnage romanesque, ouverte sur le monde, toujours chic, elle aimait les belles choses et a beaucoup compté dans ma vision des choses. On retrouve dans mes collections ce mélange d’élégance, de fantaisie, de force et d’humour qui la caractérisait. Il est temps aujourd’hui de créer des ponts entre ces deux pays qui comptent tant pour elle. Elle le reconnaît, l’incroyable éner-gie des Chinois, entrepreneurs dans l’âme, la dynamique de la mégalopole shangaïenne où rien ne s’arrête jamais ont contribué à son succès. Shanghai m’a aidé à créer, je n’aurai pas pu le faire ailleurs, ici tout est possible. Maison Germaine, symbole de l’histoire d’une petite fille de Menton, perle de la France, qui a trouvé sa vocation à Shanghai, perle de l’Orient. Nul doute que cette perle aventurière et créative ne s’arrêtera pas là. Tout n’est pas que stratégique, il faut suivre son instinct sera son mot de la fin.

Pour découvrir Maison Germaine :
www.maisongermaine.com


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www.instagram.com/maisongermaine.mg/

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